Page 106 - Mémoires et Traditions
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40 - Henry Léon, p. 298. 41 - « La famille Alvarez- Pereyre était originaire d’Amsterdam. Ils étaient deux frères qui vinrent se placer à Saint-Esprit vers 1750. » (Henry Léon, op.cit., p. 417).
Cette intégration à la société française provoque également une crise de vocations sacerdotales qui met en danger l’intégrité même du rite portugais. Henry Léon décrit ainsi cette situation alarmante : « En 1851, une des préoccupations du consistoire se tourna aussi vers l’éducation supérieure. Il se formait bien des ministres officiants, par la force de la tradition et de l’habitude de l’exercice du culte, mais il n’y avait plus de rabbins portugais. Les Athias, les Andrade avaient été les derniers. Il fallait maintenant appeler les jeunes gens des communautés de l’Alsace, dont le rite était différent. Après la mort de Samuel Marx, en 1887, le grand-rabbin Élie Aristide Astruc fut le dernier rabbin, originaire de Bordeaux, à officier à la théba de Saint-Esprit40. »
À l’aube de la Première Guerre mondiale, la communauté de Bayonne compte encore deux mille membres. Ils seront à peine mille en 1940. Entre les deux guerres, faute d’hommes, le chœur se compose uniquement de femmes. Cette évolution s’effectue en dépit des canons rabbiniques condamnant le chant des femmes. Il faut dire que les Bayonnais, de par leur passé marrane, ont toujours pratiqué leur religion avec la plus grande tolérance. Alors que Moïse
Alvarez-Pereyre41 et Henry Meyer officient à tour de rôle comme ‘hazanim, ce chœur de femmes sera, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, successivement dirigé par Raymond de Carvaillo, Albert Milliaud et Dina Alvarez- Pereyre. Les organistes en seront respectivement Albert Lion et Jacqueline Frois. Le chœur est alors composé de trois voix et comprend une vingtaine de choristes. On ne fait plus appel à lui systématiquement, sauf lors des grandes occasions telles que les initiations, bar mitsvah, mariages ou fêtes importantes. À certaines périodes, il cesse purement et simplement d’exister. Durant l’Occupation, tous les Juifs bayonnais sont évacués de force en avril 1943. Le grand rabbin Ernest Ginsburger et le ‘hazan M. Patchek sont déportés et ne reviendront pas.
Dans les années 1950, la communauté est exsangue, seule demeure à Bayonne une majorité de personnes âgées. La chaîne de la transmission orale est brisée et les traditions musicales bayonnaises commencent progressivement à sombrer dans l’oubli. Maurice Lopes est alors le dernier chef du chœur de Bayonne.
Le grand rabbin Ernest Ginsburger et les membres du consistoire de Bayonne (1937).
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