Page 51 - Mémoires et Traditions

Une architecture de tradition portugaise
Enfin il est significatif que la filiation architecturale que nous pouvons repérer parmi les synagogues bâties par ces Juifs du Sud-Ouest soit parallèle à celle des usages musicaux : ainsi, lors de l’inauguration de la synagogue de la rue Lamartine, les organisateurs tinrent à ce que des morceaux composés par Auvray en 1812 pour l’inauguration de la synagogue de Bordeaux soient réutilisés, en particulier les accompagnements sur certains versets des psaumes 145, 117 et 118, parfois inscrits aux frontons des arches saintes.
Comme nous l’avons montré6, une des modalités d’expression de l’identité juive dans la France du XIXe siècle passe par un « art israélite », exposé dans le cadre officiel du Salon et qui privilégie, comme la littérature du temps, les scènes de mœurs et les reconstitutions historiques puisées dans la Bible ou dans l’histoire juive. La synagogue est alors fréquemment représentée pour faire découvrir ses rituels originaux. Il est significatif que, se développant sous le Second Empire, cette peinture de genre ait privilégié la synagogue de la rue Lamartine, la plus représentée, pourtant moins pittoresque que celle de la rue Notre- Dame-de-Nazareth dont le décor orientaliste ajoute à la fascination de l’étrangeté des rites, comme en témoigne le roman des Goncourt Manette Salomon. Plusieurs artistes nous ont dévoilé des vues de l’intérieur de la synagogue de la rue Lamartine, en particulier le peintre portugais Jacob-Emile-Edouard Brandon (1831- 1897) (ancienne collection Rouart) qui utilise le même cadrage. Brandon demeura fidèle à la communauté séfarade, son nom apparaît sur la plaque des membres fondateurs du temple de la rue Buffault.
Les Tables de la Loi de la rue Lamartine conservées aujourd’hui dans le temple Buffault.
La Sortie de la Loi, le jour de chabbath, Edouard Brandon, 1869 - Musée juif de Francfort. Brandon s’est inspiré du temple Lamartine pour ce tableau.
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