Page 100 - Mémoires et Traditions
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                     Vue intérieure du temple Buffault.
Entre 1812 et 1888, ce chœur comptera entre 14 et 45 choristes, selon les années et les cérémonies20. À titre de comparaison, le chœur de Bayonne qui vit le jour en 1817, comptait à la moitié du XIXe siècle, 23 hommes, représen- tant les diverses catégories de voix et 16 enfants de choeur revêtus d’un habit de cérémonie fourni par la communauté, soit en tout près de 40 choristes.
L’utilisation régulière du chœur durant les offices, en lieu et place des fidèles qui chantent spontanément avec le ‘hazan, est vivement encouragée par le Consistoire qui, dès 1824, demande à l’occasion de la fête de Roch Hachana et de Yom Kippour que : « ... les congréganistes, au nom du consistoire, ne mêlent pas leurs chants avec ceux de Messieurs les choristes, ce qui détruit l’harmonie essentielle à cette réunion de voix qui fait le charme de la musique adaptée à nos cantiques. » (C.I.B., 14C1). En 1841, le consistoire prétend que l’ancien usage consistant à accompagner le ministre officiant à la téba pendant les offices
des fêtes solennelles produit un mauvais effet. Il souhaite que celui-ci ne soit assisté que des docteurs de la loi (rabbins) titulaires et honoraires, du directeur des « jeunes lévites », des tokanim en costume et des enfants de chœur (C.I.B., 14C2). À Bayonne, le problème sera apparemment résolu en 1826, grâce à l’article LXXVII des Règlements des diverses institutions religieuses des israélites de Saint- Esprit et Bayonne qui stipule que « les choristes sont institués pour chanter dans le temple et accompagner l’officiant. Les administrateurs veilleront attentivement à ce que leurs chants ne soient point troublés par ceux du public21. »
À Paris, le recours aux chœurs est tout d’abord limité aux occasions officielles. Mais dès 1818, le Consistoire parisien engage le chantre allemand Israël Lovy (1773-1832) qui contribue à l’introduction de la musique savante dans les synagogues parisiennes.
En 1822, l’édification du premier temple consistorial de rite ashkénaze, rue Notre-Dame-de-
Nazareth, permet d’instituer l’usage régulier des chœurs d’hommes et d’enfants. Il faudra attendre l’inauguration de la synagogue séfarade de la rue Lamartine, en 1851, pour qu’un culte musical digne de ce nom se mette en place : « La cérémonie a commencé par le transport des Sepharim dans le Hechal (...) Pendant cette procession, on entendait un solo d’orgue. Une marche triomphale aurait peut- être été plus à propos. Parmi les morceaux qui ont été exécutés avec accompagnement d’orchestre et un chœur nombreux, nous avons remarqué les morceaux shuvah du rituel ; le dernier verset du psaume 145 Tehilat et le premier du psaume suivant Vanahnou, puis le Halelou psaume 117 et psaume 118 jusqu’au v. 25. Cette musique, qui a un caractère très- religieux, est très-ancienne; elle a été exécutée lors de l’inauguration du temple de Bordeaux; l’accompagnement en a alors été composé par M. Auvray. On remarquait dans le cortège des Sepharim, les ministres-officiants du temple du rite askenazi qui se sont joints au chœur. Pendant la quête, (...), on aurait désiré entendre quelque symphonie. (...) On a sorti ensuite cinq Sepharim; cette sortie était accompagnée d’un solo d’orgue. Le chœur a exécuté Ahsre
20 - Julien Grassen-Barbe, op.cit., p. 37-38.
21 - Hervé Roten, op.cit., p. 40. Archives tirées du Consistoire israélite de Bayonne (C.I.B).
22 - Les Archives Israélites, tome XII, 1851, p. 310-311.
23 - Israël Adler, La pratique musicale savante dans quelques communautés juives en Europe au XVIIème et XVIIIème siècles, Paris - La Haye, Mouton & Co, 1966, vol. 1, p. 166-188. 24 - L’orchestre comprenait les instruments suivants : flûte, clarinettes 1&2, bassons 1&2, serpent, trombone, violons 1&2, alti 1&2, violoncelle, contrebasse, harpe, et timbales.
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