Page 90 - Mémoires et Traditions
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                   LES DONS cAmONDO
Les liens des Camondo avec Buffault sont anciens. En effet, sur la plaque de marbre rassemblant les noms des fondateurs et bienfaiteurs, qui se trouvent à droite du héchal, se lit le nom de « Camondo frères ». En 1877, il s’agit évidemment des frères Abraham-Behor (1829-1889) et Nissim (1830-1889), les deux fils de Salomon-Raphaël (1810-1866), qui se sont installés définitivement à Paris avec leur père et ont choisi, dans leur désir d’intégration sociale, la plaine Monceau.
De nationalité italienne, mais originaires d’Istanbul24 où ses ancêtres ont bâti une fortune dans des sociétés bancaires ou immobilières, et se sont fait les défenseurs de la communauté juive, en particulier en adoptant les idéaux d’éducation de l’Alliance Israélite Universelle, la famille Camondo s’associe assez naturellement à la composante séfarade du judaïsme français, en raison d’origines espagnoles communes, mais aussi par affinité sociale. Car, à cette époque, il y a encore très peu de Juifs de l’Empire ottoman installés à Paris ; ceux-ci, arrivés seulement autour de 1900, créeront l’Association cultuelle orientale israélite de Paris en 1909 et des oratoires de rite séfarade, tout particulièrement dans le quartier de la Roquette. Mais ce sont prioritairement des familles pauvres bien éloignées de la plaine Monceau...
Nonobstant leur fréquentation de Buffault, les Camondo possédaient un oratoire familial installé au 63 rue de Monceau, dans l’hôtel acheté par le comte Nissim en 1870 et réaménagé par l’architecte Denis-Louis Destors : un dessin nous révèle l’esthétique orientaliste du mobilier. Quelques objets transmis à Buffault témoignent de son inauguration : en effet, parmi les objets se trouve un ensemble commandé à l’orfèvre juif le plus célèbre alors, Maurice Mayer, et daté de 5635 (1875) : des inscriptions rappellent que les rimonim et une main de lecture furent offerts par Abraham-Behor, un tass (plaque de Tora) par Nissim. L’oratoire devait aussi comporter des objets de culte provenant de leur père et amenés d’Istanbul, car, dans les dons faits par Moïse et Isaac, se trouvent un rideau d’arche sainte, une couronne de Torah, un rouleau avec son tiq (coffret) pourvu d’une inscription rappelant la mémoire d’Abraham-Salomon Camondo (1781-1873), le fondateur qui décéda justement au moment de ces aménagements.
Dès 1890, des objets rituels, sefarim avec leurs ornements, provenant d’un oratoire Camondo fermé ont été offerts au temple de la rue Buffault et à la synagogue d’Enghien qui venait d’être construite par un groupe de Juifs où se mêlaient Ashkénazes et Séfarades en la
Liste des dons de la famille Camondo offerts au temple Buffault, 1910.
personne de Nissim Léon ou Eugène Mirtil Manassé. D’ailleurs, lors de l’inauguration de cette dernière, des notables de la rue Buffault eurent les honneurs. Ce n’est pas un hasard, si les fidèles d’Enghien et Montmorency constituèrent, dès novembre 1890, une Société Civile de l’Oratoire israélite d’Enghien...
Plus détachée de la pratique religieuse que leurs pères, la génération d’Isaac (1851-1911), fils d’Abraham-Behor, et de Moïse (1860-1835), fils de Nissim, a distribué ces objets précieux au moment où l’hôtel fut démoli pour laisser place à une nouvelle construction destinée à accueillir les collections de Moïse, en particulier ses panneaux du XVIIIe siècle : aucun oratoire n’était plus prévu dans l’hôtel.
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