Page 60 - Mémoires et Traditions
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Au sujet de l’estrade centrale, le même journal ajoute : « La théba se compose d’un vaste socle supportant des colonnettes engagées sur un fond ajouré, et dont les découpures, comme celles de la balustrade des tribunes du premier étage, reproduisent le double motif ornemental de l’étoile et des Tables de la Loi. »
Le modèle bordelais est surtout sensible dans la disposition de la longue téba centrale précédée d’un grand chandelier à huit branches ; elle est également ornée de candélabres offerts par les notables de la Société Civile, mais aussi par la famille Rothschild : les dédicaces rappellent les dons de Baruch Allegri, Nissim Sciama, Daniel-Adrien Astruc, Mme Cécile Heine, née Furtado (qui dix ans plus tard sera le mécène de la synagogue de Versailles) et les « Rothschild frères en mémoire de leur père le baron James. » Quant aux chandeliers disposés sur les piliers de la balustrade bordant l’escalier menant au héchal, ils furent offerts en partie par la baronne douairière de Rothschild et par Isaac-Alfred Paz. On saisit ainsi que l’antagonisme séfarade-ashkénaze n’est pas partagé par les élites financières qui eurent à honneur de participer à l’embellissement du nouveau temple. Ce sont les deux fils aînés Rothschild, Alphonse et Gustave, respectivement président du Consistoire central et président du Consistoire de Paris, qui portèrent les premiers sefarim lors de l’inauguration. Osiris s’était modestement contenté de porter le 4e sefer du côté gauche...
L’autre élément majeur de la composition architecturale de cette synagogue est le héchal qui occupe le mur du fond ; on y accède par sept marches bordées de balustrades du même type qu’autour de la téba et supportant les mêmes torchères. L’armoire, d’un dessin très classique avec son fronton triangulaire et ses pilastres à chapiteaux corinthiens (ensemble qui contraste fortement avec la dominante néo- romane du reste du temple) est installée dans une niche et posée sur un socle portant dans des cartouches les noms des douze tribus. Elle est surmontée d’un médaillon frappé de l’inscription Adonaï E’had, « Dieu un », formule centrale de la profession de foi juive, le Chema. Au-dessus de l’armoire, sur le mur, est peint un ciel nuageux qui reçoit de la lumière, mise en scène de la réception et du rayonnement de la Tora. Le rideau, qui selon la tradition masque l’arche sainte, reprenant le paro’het du Temple, est inscrit dans un encadrement tout aussi classique avec pilastres, linteau reposant sur des corbeaux, marbres, dorures... Ces éléments s’inspirent finalement de l’esthétique dominante dans l’ancienne synagogue de la rue Lamartine.
Détail d’un vitrail de la rose.
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