Page 31 - Mémoires et Traditions
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La Société Civile et le temple Buffault
Afin d’honorer des membres de sa famille, des rabbins et certaines personnalités israélites et non juives qu’il affectionne et admire, Osiris exige l’apposition de deux plaques dont une, située à l’intérieur du temple qui évoque la mémoire d’hommes illustres et l’autre, placée sous le porche indiquant que « le Temple a été élevé et offert par M. Osiris Iffla. » Plusieurs noms gravés portent atteinte à la mémoire du judaïsme français, en particulier ceux de la femme d’Osiris (elle n’était pas israélite), du philosophe panthéiste Baruch Spinoza et des hommes de lettres Henri Heine et Léon Gozlan, tous deux convertis.Pour le grand rabbin Zadoc Kahn, ces noms, placés à côté des grands maîtres de la Loi juive (Rabbi Akiba, Rachi, Maïmonide) et d’illustres notables communautaires (Jacob Rodrigues Péreire et Adolphe Crémieux) ou de patriotes comme le commandant Léon Franchetti, constituent une offense et « soulèvent les plus graves objections. »
Des mesures doivent être prises « pour que ces inscriptions soient modifiées ou supprimées58. » De même, les administrateurs et des fidèles émettent des critiques sévères au sujet de la seconde plaque qui fait d’Osiris l’unique fondateur du temple. Il est alors décidé d’effacer les noms indésirables sur la première plaque et de déplacer la seconde afin qu’elle soit moins visible. Il s’ensuit un procès jusqu’en décembre 1886 que gagne en partie Osiris. Le nom de son épouse défunte est conservé tandis que ceux des juifs convertis ont disparu ; la plaque honorant son mécénat reste néanmoins sous le porche mais ne peut pas être vue par les passants. Tous ces désagréments n’empêchent pas le temple Buffault de devenir l’un des lieux de culte les plus fréquentés de la capitale et de rassembler l’ensemble des Séfarades.
Le porche avec la plaque Osiris.
La première plaque commémorative souhaitée par Osiris.
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