Page 200 - Mémoires et Traditions

De même que l’affaire Dreyfus avait affirmé son républicanisme, de même l’Occupation et la trahison du régime de Vichy vont confirmer sa judéité.
Lorsqu’en 1945, le consistoire israélite de Paris envisage de restructurer la communauté meurtrie, c’est tout naturellement que son président, Georges Wormser, fait appel à lui pour intervenir au sein du conseil d’administration de l’institution. Déjà, au temple Buffault, Edmond-Maurice Lévy assume la présidence mais son intégrité et ses compétences s’avèrent nécessaires pour la reconstruction du judaïsme parisien. Pourtant, il craint que ces nouvelles responsabilités freinent ses activités de président. Georges Wormser intervient énergiquement ; s’il peut paraître difficile d’être « ...contrôleur et contrôlé » et bien, s’agissant de cet homme aux qualités exemplaires « l’exception confirmera la règle. »
Edmond-Maurice Lévy participe à la vie des institutions israélites. De 1946 à 1950, il veille à réorganiser la bibliothèque de l’Alliance israélite universelle pillée par les Allemands. Il effectue maintes démarches pour récupérer les manuscrits et les livres rares. Par la suite, il siège au Comité central de l’AIU aux côtés de René Cassin, lui-même originaire de Bayonne et prix Nobel de la Paix en 1968. Au consistoire, il organise les Assises du Judaïsme et préside l’association Zadoc Kahn. Il devient aussi vice- président de la Société des Études Juives.
Français israélite et attaché à la terre d’Israël par tradition religieuse, il dresse alors un bilan de sa vie au grand rabbin Paul Bauer : « J’ai vécu l’affaire Dreyfus, j’ai assisté à l’arrivée à Paris d’un grand nombre de Juifs fuyant les pogroms (...), et surtout, à ce que fut l’ignoble régime nazi. Mais je ne saurais jamais assez remercier Dieu de m’avoir permis d’être le témoin de la résurrection de l’État d’Israël. »
Bien évidemment, il ne cesse de prodiguer ses connaissances et sa fidélité au maintien du rite portugais au temple Buffault. Jusqu’à sa mort, survenue le 9 décembre 1971, il en assume la présidence. Conscient de l’indifférence religieuse de ses coreligionnaires d’origine portugaise, il réussit à intégrer les rapatriés d’Afrique du Nord dans cette communauté tout en préservant les traditions ancestrales.
Avec la complicité du grand rabbin Paul Bauer qui veille au service divin de 1945 à 1975, il devient ainsi le dépositaire de la mémoire portugaise. C’est à ce titre qu’en mai 1958, le diplôme de ‘Haver (Compagnon de la Torah) lui est décerné par le grand rabbin de France Jacob Kaplan en vertu de son service à « la sainte cause du judaïsme de notre pays. »
Homme sensible et d’une grande honnêteté morale, il est demeuré fidèle à la foi de ses Pères, exigeant même dans ses dernières recommandations rédigées en mai 1971 à être inhumé selon le cérémonial portugais par sa « famille spirituelle de Buffault. »
Diplôme de Compagnon de la Torah délivré à Edmond-Maurice Lévy (1958).
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